Cette journée de restitution et d’échanges autour du projet de recherche participative « Handicap, genre et précarité professionnelle : parcours biographiques et réception de l’action publique», a donné lieu à des échanges autour du projet avec des chercheur-ses, des personnes concernées et des acteurs et actrices publics et associatifs. FDFA a participé à cette recherche.
Résumé du projetL’éloignement vis–à–vis du marché du travail constitue une source essentielle de précarité socio–économique des personnes handicapées. Les ressorts de cette mise à distance sont complexes, incluant le défaut ou l’inadéquation de la formation, l’effet du handicap sur la capacité de travail, les freins environnementaux à la mobilité, les discriminations, le manque d’accompagnement vers et dans l’emploi, les aménagements insuffisants. Pour les femmes handicapées, cette marginalisation est redoublée par les effets du système de genre (socialisation différenciée, inégalités dans le travail
domestique et parental, environnements professionnels sexistes…).
Le principal objectif de ce projet est d’approfondir les connaissances en la matière, à partir d’une démarche qui place au premier plan l’expérience des personnes directement concernées. Après un premier travail de cadrage statistique, cette recherche était principalement fondée sur la réalisation de
80 entretiens biographiques avec des personnes (avec une surreprésentation de femmes) ayant des incapacités physiques ou visuelles, et vivant actuellement ou ayant traversé des périodes de précarité professionnelle.
Claire Desaint est intervenue sur le thème : Actions de FDFA en matière d’emploi et les apports de cette recherche pour la réflexion et l’action associatives
C’est la première fois qu’il y a une recherche universitaire sur le sujet, ce qui donne du sérieux à nos constatations, fournit des données quantitatives et des témoignages qualitatifs.
Cette recherche met en évidence :
- L’effet du genre est particulièrement visible dans les cas d’articulation entre travail et famille : le rapport à l’emploi dépend également du rapport au statut de mère et de conjointe dans le cadre familial.
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Un important écart entre les demandes des femmes handicapées qui valorisent le travail et la représentation sociale de leur employabilité, qui la voit comme une contrainte.
- L’inefficacité d’une politique de compensation qui a pour effet d’exclure et donne l’impression de demander « l’aumône ».
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L’intériorisation par les femmes handicapées des demandes comme l’aménagement de poste et des horaires (qui sont des droits) comme une gêne dont elles sont responsables pour l’employeur.e et les collègues.
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Les efforts pour se couler dans la norme du validisme masculin pour être légitime.
Le décalage entre les propositions d’accompagnement faites par les services de l’emploi et les attentes des personnes handicapées constitue également une source de frustration des usager-ères. Ils sont vivement critiqués pour le manque de formation des agent.es, et l’écart entre les emplois proposés et les demandes.
FDFA a ajouté la dimension de la violence au travail, peu évoquée.
Comme moyens d’actions, elle souligne que les femmes handicapées sont les meilleures expertes sur ce sujet et que toute doit donc être engagée en collaboration avec elles.
Et pour cela, il faut qu’elles soient présentes dans toutes les réunions, dispositifs, prises de décision.
24 entretiens ont fait l’objet d’un livre publié sur internet « Portraits de travailleuses handicapées ». Ce livre s’inscrit ainsi dans une démarche de mise en visibilité de parcours et de difficultés peu publicisés, à des fins de sensibilisation générale du public, d’amélioration des dispositifs d’action publique, mais aussi de partage d’expérience entre femmes handicapées.
FDFA a fait ses propositions et nous allons continuer de travailler avec ces chercheuses.