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Portrait d’Helen Keller par Elise Andrès

Si vous n’avez jamais entendu parler d’Helen Keller, il est grand temps de remédier à cela. En voici un résumé, quoi que bien trop succinct au regard de sa grandeur et de son parcours étoffé1.

De par sa lutte et sa persévérance, elle est devenue l’une des figures majeures de la protection des droits des personnes en situation de handicap. Née en 1880 en Alabama, elle souffre d’une congestion cérébrale à l’âge de 19 mois entraînant cécité, surdité et mutité. Dès lors, elle plonge dans les « ténèbres d’une perpétuelle nuit », selon ses propres dires. Néanmoins, cet obstacle n’a pas pour effet de tarir sa détermination. Elle se rattache à ses autres sens pour parvenir à s’émanciper de cet univers silencieux. Plus tard, elle retrouve la capacité de communiquer grâce à sa préceptrice, Anne Sullivan. Elle apprend à toucher les objets et à les associer à des mots, dessinant des lettres de l’alphabet dans le creux de sa main. Elle se reconnecte au monde par l’enseignement du signe et la lecture du braille. De surcroît, elle parvient à lire sur les lèvres en plaçant ses doigts sur ces dernières.

Toutefois, la particularité de son parcours ne se résume pas à ces différentes prouesses. C’est également une étudiante, une citoyenne et une militante acharnée pour la protection des droits des personnes en situation de handicap.

En 1900, elle est admise au Radcliffe College, université d’arts libéraux féminine. À 22 ans seulement, elle rédige son autobiographie, publiée dans une cinquantaine de langues de manière à être la plus accessible possible. Deux ans plus tard, Helen Keller obtient un diplôme universitaire et devient la première personne atteinte de surdité à y parvenir. Elle participe à la création de la Fondation américaine pour les aveugles ainsi qu’à l’Union américaine pour les libertés civiles ayant pour objectif la préservation des droits et libertés individuels. Conférencière de renommée, elle voyage à travers le monde afin de toucher un large auditoire et alerter la Communauté internationale. Sa fougue la conduit à interpeller directement les présidents et à prononcer une centaine de discours. Les voix des personnes en situation de handicap s’incarnent en la personne d’Helen Keller. Pour elles, elle obtient la création de commissions gouvernementales dédiées, d’écoles spécialisées et la diffusion de livres en braille. Son œuvre fait du braille le standard officiel de lecture et d’écriture pour les aveugles.

Elle est également membre du parti socialiste et intègre le syndicat Industrial Workers of the World dont les objectifs multiples se caractérisent par l’abolition du salariat, la mise en place de démocraties ouvrières et l’autogestion. C’est dans ce cadre que son militantisme atteint son apogée puisqu’elle déploie son action à la protection des droits relatifs au travail et l’antimilitarisme. Son étendard prend la couleur violette lorsqu’elle s’engage dans la lutte pour les droits des femmes et notamment le droit de vote. Elle prône une doctrine pacifiste et s’investit dans la réintégration des soldats ayant perdu la vue lors de la première guerre mondiale.

Pendant la deuxième guerre mondiale, elle s’inquiète de la situation créée par le régime nazi et s’engage pour les personnes handicapées ciblées comme déficientes. Elle relaie les appels à l’aide de ces dernières, réduites à la misère par l’armée hitlérienne et subissant les restrictions sur l’usage du Braille. Elle s’implique dans l’effort de guerre en participant au développement de mesures de protection pour les personnes aveugles et sourdes pendant les raids aériens et visite des soldats et combattants rendus handicapés par la guerre mondiale. Cette action n’est qu’une partie pour elle d’un agenda politique plus large pour la paix mondiale, le développement international de critères des droits humains et le développement d’une communauté mondiale. Son objectif est international et elle reprend ses voyages en 1946, d’abord en Europe : Grèce, Italie, France, Angleterre pour encourager l’aide aux européens aveugles, mais comme une extension de son service de guerre. Elle visite 40 pays, dont le Japon qui lui fait un accueil triomphal. En 1947, elle s’oppose au développement des armes nucléaires.

Figure de référence aux États-Unis, elle est admise au National Women’s Hall of Fame en 1973 aux côtés de Maya Angelou et Rosa Parks entre autres. L’année suivante, la médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction civile américaine, lui est décernée. Chaque année, elle est célébrée à travers The Helen Keller festival, se déroulant dans sa ville natale.

Sa détermination remarquable est retransmise notamment par le biais du cinéma et inspire abondamment les esprits. À titre d’exemple, le film français Miracle en Alabama dépeint son parcours de vie hors du commun et remporte deux oscars. Son influence grandissante donne même lieu à la constitution d’un dossier par le FBI et d’une surveillance minutieuse.

Le monde actuel bénéficie de son travail de sensibilisation et de mise en lumière sur le quotidien des personnes aveugles. De fait, le nom d’Helen Keller doit pouvoir être lu sur nos lèvres afin de le faire résonner jusqu’aux générations suivantes.

Elise Andres

1 Pour approfondir, voir l’article de Claire Desaint

"Portrait d’Helen Keller par Elise Andrès" : 1 commentaire

  1. MANCERON Olivier dit :

    Super article. Ecriture puissante pour porter une femme puissante toujours dans nos mémoires. Merci.

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