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BILLET D’HUMEUR N°90 par Olivier Manceron – 20/04/23

Ah, les hommes et le déni viril ! « C’est pas faux… » finissent-ils par concéder en se grattant le rêche qui hérissonne leur menton. Ne me dites pas qu’ils sont plus bêtes que les autres, les hommes. Ne soyons pas misandres. Ils savent développer sagacité, foi et clairvoyance mais à des propos qui leur sont propres. Ils ont entre eux de si âpres discussions avec des idées si arrêtées qu’ils ne devraient guère s’étonner de ne jamais progresser.

Toutefois certains chiffres les jettent soudain dans un silence abyssal où résonne à peine l’écho d’un agacement circonspect. Les violeurs et les incesteurs sont à 90% des hommes et ils sont de l’entourage de leurs victimes. Les personnes enfermées derrière les grilles de notre système carcéral sont des hommes à 98%. Les responsables des accidents mortels sur notre réseau routier, et souvent leurs victimes, sont des hommes à 85%.

Depuis des temps immémoriaux, la plupart des violences sont commises par des hommes. Les crimes de guerre, les massacres, les génocides, les viols de masse, sont commis par des hommes. « C’est pas faux. » se creusent-ils la tête dans la position classique du penseur de Rodin. Sans plus. On note. On vous répondra plus tard. Certes ils sont conscients du problème. Ils sont prêts à mesurer sa réalité et catastrophés par ses conséquences dramatiques. Ils regrettent amèrement les souffrances des victimes, enfin celles qui arrivent encore à crier à l’injustice.

Mais voilà. Il y a comme une effet essuie-glace. Tout d’un coup, un bruit incongru, un évènement fortuit, et les voilà revenus à leurs délicieuses fictions. Il suffira d’un match à la télé, du SMS d’un copain, d’un appel du travail, d’une alerte incendie ou d’un avis de tempête, d’une information inquiétante au journal télévisé, d’une campagne électorale, d’une jupe qui passe dans la rue ou d’une déclaration de guerre quelque part dans le monde et en un instant ils oublient tout.

Les cris des victimes s’assourdissent subitement pour ne devenir que le brouhaha lointain de regrettables dommages collatéraux. Alors leurs oreilles se tendent, leurs muscles se bandent, leurs yeux se fixent et leurs mentons se dressent vers la ligne bleue des Vosges. Les hommes ne sont plus là pour réfléchir aux détestables effets des évènements dont ils sont les causes. Ils ne sont déjà plus là. Ils sont sur le champ, le terrain, le ring, l’hémicycle, le chantier, le tatami, dans la spectaculaire démonstration de leur virilité.

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