Les chaleurs électoralo-râleuses s’éloignant des tintamarres médiatiques, abandonnons-nous aux douceurs de l’été. Convaincus qu’il ne s’est rien passé dans les urnes françaises qui puisse changer le monde, lâchons-nous la télécommande.
En France, il y a encore un peu d’abondance. À nouveau nous allons avoir la chance de fêter la musique. J’adore les flonflons ringards des accordéons rances et je biche quand les zim boum boums des grosses caisses en font des caisses. Bien-sûr, si les cris des larsens entrent en scène quand s’engueulent les guitares,je pleure. Ce soir, les yeux me piqueront. J’accuserai la fumée des merguez et les odeurs épaisses des grillades qui rissolent aux terrasses des bars. Je m’accrocherai le cœur aux farandoles d’ampoules multicolores suspendues aux tilleuls de la promenade. Les enfants courront entre les jambes des mères qui danseront légères sur les places des villages et les trottoirs des boulevards. Les pères boiront leur bière, la moustache de travers, humide mais encore un peu à l’air, malgré les vagues prévisions de septième vague d’un méchant variant covido-migrateur.
En France, il ne manque ni vaccins, ni semences, ni munitions, à part la moutarde pour les chipolatas. Et en plus, il va y avoir les vacances. Lourds moments anesthésiants de jouissances caniculaires, moiteurs de sueurs et de paresse collante, soirs d’angoisse poisse à diluer d’urgence dans la buée des verres. Le vent sera chaud comme l’haleine des chevaux et le bitume se fera noire mélasse, irradiant sa colère dans le chant des infatigables cigales et les tintements guillerets des glaçons dans la citronnade. Il y aura le vent de la mer, les cris des oiseaux et le soir qui tombe sans crier gare sur le désespoir.
Il ne faudra pas céder à la panique, à l’envie brutale de ne pas rentrer. Il faudra garder la volonté de refaire encore ce monde avant qu’il ne se noie dans les famines, les cyclones, les incendies, les inondations et dans leurs guerres, leurs inimaginables guerres qui envoient les jeunes hommes rendus fous par leur propre cruauté mourir dans la boue sanglante de leurs crimes contre l’humanité. Il ne faut pas tarder. La meule des jours, des mois et des années écrase les enfants innocents. Bientôt nous ne pourrons plus supporter leurs regards méprisants.