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BILLET D’HUMEUR N°70. Olivier Manceron. Le 20/06/21

Toi, tu as voté ? On t’a vu voter. T’avais dit que tu voterais pas. Et t’as voté ! C’est tout vu ! Non, moi, je n’ai pas voté ! Tu me vois voter ? Puisqu’on te dit qu’on t’a vu. Toi, c’est sûr, t’as voté. Voter ou ne pas voter. That is the question.

Parce que c’est l’Été ! Le ciel est vaporeux après les lourdes pluies qui font encore ployer les branches des grands rosiers orange, rouges ou blancs, débordant au-dessus des grilles des jardins verts. Les trottoirs sont constellés de leurs pétales jusqu’aux marches des bureaux de vote transformés en sortie de mairie, les jours de noces.

Drôles de mariages. Les gens divorcent de leurs classes politiques. La confiance est rompue, même pour celles et ceux qui viennent encore voter. Fièr.es et masqué.es, ils et elles s’égrènent dans les couloirs ensoleillés du centre culturel ou de l’école désertée. Ils votent. Elles votent pour exercer leur droit, en pensant à tous ces pays où il ne s’exerce pas ou seulement par un avilissant simulacre à la gloire d’un despote. On vote pour remplir le devoir du citoyen et du coup avoir la conscience tranquille quand on se plaindra des politiques non menées, des promesses non tenues et des engagements non-remplis dans les mois qui vont suivre. Elles votent pour se souvenir de leurs grand-mères qui n’avaient pas encore ce pouvoir.

C’est un vote gris, un vote morne dans l’espoir qu’un jour nous voterons dans la joie de voter, pour quelqu’une ou un qui transmette, défende, renforce notre avis et qu’un jour notre projet de vie s’incarne dans quelqu’un ou une de fiable, de digne, qui nous permette de donner corps à notre façon de penser et de construire une société meilleure, issue du fond du cœur. Alors on vote. Alors on vote, comme on danse, comme on chante, pour que la vie soit plus belle. On vote. On vote parce qu’on vivote. On vote monotone, pour tromper le désespoir. Alors on ne vote pas blanc, on vote noir.

Si on s’en frotte les mains, c’est à cause du gel désinfectant et non pour l’improbable satisfaction d’avoir voté. Mais on veut encore y croire. En Mai 68, dans une pièce abandonnée des combles, l’étudiant chevelu que j’étais peignait sur le tulle de sérigraphie une affiche au slogan railleur, destiné aux foules domptées, prêtes à réélire le pouvoir bourgeois : « Pense pas ! Vote ! ». Mon histoire me rattrape. Aujourd’hui, je n’ai pas pensé, j’ai voté. J’ai voté pour élire l’été et la liberté.

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