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BILLET D’HUMEUR N° 64 par Olivier Manceron – 20/12/20.

Cela scintille dans les platanes et les vitrines. Ces dames traversent en courant dans les lumières des embouteillages, les bras chargés de sacs verts, rouges et or, pendant que ces messieurs tiennent la poussette d’une main et de l’autre le téléphone à l’oreille. Les magasins font le plein. Les confiseurs n’ont pas de trêve. Il pleut sur les feuilles grasses des trottoirs et je fais mon coming-out.

Je ne crois plus au Père Noël. Déjà que je croyais plus au Bon Dieu depuis des lustres, persuadé que s’il existe, il n’est surement pas bon, pour faire aux gens ce qu’ils subissent. En tout cas, je n’ai pas du tout envie de le rencontrer. C’est devenu pareil pour le Père Noël. Avec ses manières de vieil alcoolique jovial et éméché, on n’a pas envie de laisser les gosses seuls avec lui pendant la messe de minuit. C’est le type même du pédo-agresseur camouflé derrière un attirail de bonnes manières dans le déni total de parents inconscient et gâteux. La magie de Noël a fait long feu, écrasée au fond des caddies, salie par les graisses des viandes en sauce et le spectacle affligeant des bouteilles vides, autour des poubelles à verre, les lendemains de fête.

Reste la petite bougie dans la neige du rebord de la fenêtre et les étoiles dans les yeux des enfants. Mais alors, il me faudrait une sorte de Mère Noël, une faiseuse de gâteaux simples, une conteuse de vieilles histoires de bout de tison qui fume, une berceuse de bébés ronds qui fixent la lumière en regardant la lune. Il faudrait laisser tomber cette foire aux cadeaux, cette grande bouffe bacchique, cette débauche de joie factice qui ont définitivement enterré la légèreté du frugal et la poésie de la simplicité.

C’est devenu une fête « potlatch », pour jouer à celui qui est le plus fort à dépenser son fric, le plus capable d’enterrer les enfants sous des montagnes de bolduc et de papier cadeau, plus fort que les cousins, plus que la belle-mère ou les voisins qui ont illuminé leur façade à faire sauter le compteur du quartier.

Noël, solstice d’hiver, tremblement de l’aube blanche après la nuit la plus noire de l’année, après les guerres et les infamies, après le Covid, après la misère et les gens tremblants sur les trottoirs de Paris, après la mort de l’espoir, Noël est une fragile renaissance, une douce espérance de reste d’humain dans l’humanité. Alors le Père Noël, avec ses bottes, sa hotte, ses rennes et son traîneau, c’est trop. Il ne me reste plus qu’à croire à la souris verte qui vient chercher les petites dents sous les oreillers des enfants.

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