Ils viennent de l’Est, de Tchétchénie, d’Afghanistan, des confins du Caucase ou des montagnes du Pakistan. Ils viennent le cerveau embrasé d’Allah, le cœur gonflé de rage et les yeux rougis de sang, prêts aux horreurs les plus lâches et aux sacrifices les plus avilissants.
Ils viennent du Nord, trouant le blizzard de l’hiver dans des bolides fuselés, chargés d’armes et de drogues, lancés à tombeau ouvert sur des autoroutes sans douanier ni frontière, et vendent des femmes, de la coke ou des masques anti-Covid frelatés, sans plus d’état d’âme que s’ils tuaient leur mère.
Ils viennent de l’Ouest, dans leurs avions privés, sans un regard pour les nuages qui fuient sous leurs ailes, ni pour l’abyssal décolleté de leur secrétaire. Ils sirotent des alcools de luxe, bien calés sur leurs vieux derrières, prêts à sacrifier la planète entière pour mettre leur pire ennemi à terre, assis lui aussi dans un trône volant, entouré lui aussi de secrétaires zélées et de sémillants courtisans docilement cravatés.
Ils viennent du Sud, par vagues de peur et de misère, qui par les cols neigeux des Pyrénées, qui dans les containers glacés de camions anonymes, qui sur des rafiots bondés, serrés comme des sardines, trahis par les passeurs, sacrifiés pour des rêves d’Angleterre et de vie facile comme à la télé, naufragés par milliers au fond de la Méditerranée.
Ou bien ils sont d’ici, du cru, de la famille ou du village, taiseux ou le verbe haut, costauds protecteurs ou fragiles charmeurs, des braves gens, bien gaulois comme il faut, vieux papi qui s’oublie dans la chambre d’ami avec sa petite nièce préférée, le dimanche après déjeuner, ou gentil témoin de la mariée violeur de petite cousine en fin de soirée, ou tueur de femme dans sa cuisine quand elle a fait ses valises, laissées dans l’entrée.
Qu’est-ce qu’ils peuvent bien avoir en commun ? Tous différents et tous semblables, ils sont des hommes. Quand allons-nous nous rendre compte qu’ils ne deviennent pas comme ça par hasard, qu’il existe des mécanismes socio-psychologiques intimes mais semblables, propres à tous et à chacun ?
Quand allons-nous nous donner la peine de les reconnaître, de les analyser, de démonter de l’intérieur de leur tête, neurone après neurone, de les démanteler du fonctionnement de la société, coutume après coutume ? Aucune réforme, aucune révolution, aucun changement n’aura de chance d’aboutir si elle ne commence pas par-là, par les hommes, par les débarrasser des mécanismes pervers de la virilité.