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BILLET D’HUMEUR N° 53      Olivier Manceron.     Le 20/01/20

Mes chères amies, mes doux compagnons, gens de qualité et de pondération, je vous aime, mais… vous commencez à m’agacer singulièrement. Je respecte vos prises de position réfléchies. Je bénis vos atermoiements savants qui ont permis de ravaler les colères et de contrôler les violences. Mais ça ne suffira pas !

Le monde se craquelle sous les coups de boutoir des économies ravageuses du capitalisme ultralibéral. La planète brûle et je commence à ne plus pouvoir supporter les colibris. Vous vous souvenez de la métaphore élégante du sage Pierre Rabhi qui raconte que, un incendie dévorant la savane, les animaux réunis contemplent le désastre et s’étonnent des incessants allers-retours d’un colibri . « Que fais-tu, Colibri, à t’épuiser ainsi ? ─ Je vais à la rivière. Je remplis mon bec à ras bord. Je crache l’eau sur les flammes. Je retourne à la rivière. Je remplis mon bec…─ Attends, Colibri ! Tu rêves si tu crois que ça sert à quelque chose contre cette fournaise ! ─ Hé ! j’aurai fait mon possible et accompli mon devoir. Que chacun en fasse autant. » Belle parabole, ici en version un peu customisée, qui encourage chacun.e à commencer par ce qu’il peut faire à sa propre échelle, à la mesure de ses capacités.

Mais là, maintenant, faut pas raconter l’histoire aux koalas ! Les colibris gentils qui crachotent leur bonne conscience sur l’immensité du désastre en disant qu’au moins ils auront fait leur devoir, c’est bon ! Trop tard maintenant ! La catastrophe gronde. Elle est pour nos enfants. Il n’est plus temps de se contenter de bien voter aux municipales et de composter ses épluchures, en rêvant d’installer les mêmes panneaux solaires que les voisins.

Certes vous regardez d’un mauvais œil les grand’messes sportives dispendieuses à la gloire de la domination virile alors qu’on meurt de froid sur les trottoirs. Vous ne rêvez plus des plages-cocotiers pour touristes blancs friqués, ni des plaisirs carnassiers pour viandards avinésdes chasses au bison, au faisan d’élevage ou au cerf aux abois qui vomit son sang sur les marches d’un perron de maison de village.

Vous êtes de plus en plus proches de manger végétarien et de penser Nicolas Hulot. Mais sachez que ça ne suffira pas. Il va falloir une tornade de volontés farouches, une colère de tous les peuples contre toutes les tyrannies qui déchirent l’avenir de leurs mâchoires de fauves sanglants. Ça suffit, les colibris ! C’est l’heure de la mobilisation, celle qui peut-être évitera la guerre.

 

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