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Femmes handicapées, citoyennes avant tout !

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BILLET D’HUMEUR N° 42 par Olivier Manceron, le 20/02/19

Les mêmes violences hebdomadaires s’écrasent contre les écrans médiatiques et les vitrines des grands boulevards. La colère ne cache plus la haine. Les vieilles colères de l’Histoire, des Jacques du Moyen-Âge aux sans-culottes de 93, habillent de haillons jaunes les vieilles haines épouvantables du siècle dernier. Rien n’est oublié. Tout est enfoui. Un jour ou peut-être une nuit, ça ressurgit.

La sale rage de l’ombre se pare des vieux symboles éculés de l’antisémitisme et se réveille en hurlant au pogrom contre les juifs de France. C’est tout et n’importe quoi ! Et elles et eux, là-dedans ? Les pauvres, les ignorées, les invisibles, qu’est-ce qu’ils y gagnent ? Qu’est-ce qu’elles en ont à faire de leurs croix gammées ? Comme en 2015, les foules noir bitume de la République se déversent sur les places sombres des villes. A nouveau, on est Charlie et ce soir Charlie est juif.

Mais les grandes idées et les vastes causes n’ont jamais rempli l’assiette de la misère. Qui s’occupera pendant ce temps-là de la famille monoparentale quand elle en a marre de trimer pour ne rien faire d’autre que d’en avoir marre de ses gosses ? Qui s’occupera de la douleur des gens dans les hôpitaux surchargés à en crever ? Qui s’occupera des vieux aux retraites minables et des personnes handicapé.es dans leurs appartements prisons ou leurs établissements ruinés aux personnels indifférents ou burn-outés ?

Alors les belles pensées féministes universalistes humanistes égalitaristes paraissent des bulles de savon irisées dans l’air du temps, pour amuser les enfants. Sous la botte des riches gronde le peuple. Mais sous le peuple, il y a le sous-peuple qui se tait. Les écrasé.es sont invisibles. Sous les retraité.es qui râlent, il y a les femmes retraitées qui baissent le nez. Sous les  personnes handicapées, il y a les femmes handicapées qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer.

Ce sont eux, ce sont elles qui ont été les premières victimes de l’antisémitisme, les premières massacrées dans leurs maisons de santé dans l’Allemagne nazie comme dans les hôpitaux psychiatriques de la douce France. Les premières et peut-être les plus nombreuses victimes des fascismes guerriers, islamistes ou bien de chez-nous sont les victimes dites collatérales, ignorées des belligérants comme des comptables de l’Histoire.

Alors oui ! Battons-nous toutes et tous contre la moindre résurgence mentale de ces horreurs. C’est de notre survie qu’il s’agit et de celles et ceux qui déjà n’ont pas la parole dans leur non-citoyenneté. Alors oui ! Je suis Charlie et Charlie est une juive et une vieille juive handicapée.

 

 

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