Automne, automne, tu pèses des tonnes sur nos épaules, des tonnes de feuilles perdues. En pluie drue dans la brise ensoleillée, elles s’amassent à nos pieds. Automne, tu pèses des tonnes de soleil et d’espoir de ciel bleu, des tonnes de tartes aux pommes, de regards de chien et de caresses d’amoureux. Tu pèses des tonnes de chaussées encombrées, de bretelles d’autoroute embouteillées que les villes bétonnent sans souci d’accessibilité. Tu pèses des tonnes de fruits perdus sur le macadam souillé des colères agricoles. Tu pèses des tonnes de billets de banque dans des tonnes de coffres d’acier entassés sous les palmiers des paradis perdus sauf pour les flibustiers de la fiscalité.
Automne, tu pèses des tonnes de cris d’enfants muets sous les bombes qui tonnent dans des pays si lointain qu’on ne s’étonne plus des images de décombres et de fumées noires qui s’effilochent au loin. Tu pèses des tonnes de papiers sales et de feuilles de journaux qui volent, lourdes des images des gens qui marchent sur des routes sans fin, ou des gens qui flottent encore sur des mers trop bleues.
Automne, automne, automne, les cœurs restent atones sous les feuilles qui tombent, les images qui tombent et les histoires de gens que le vent emporte vers leurs tombes. Heureusement encore qu’il fait beau et que les chiens courent comme des fous et s’éclaboussent de feuilles mortes. Heureusement que les enfants d’ici se taquinent et chantent en chœur contre la peur, dans la lumière des soirs dorés. Les chiens nous regardent du bas de leur joie d’exister et les chats nous observent du haut de leur infinie élégance, prunelles lumineuses masquées de mi-close indifférence.
Automne, automne, ta symphonie mélancolique chante les couleurs du temps qui passe. Tu donnes de la gourmandise aux vieux chagrins des tempes grises. Avec du vert encore et du rouge orangé et déjà du violet, Automne, tu habille la nostalgie aux couleurs des plumages des faisans dorés.
Automne, pourtant tu t’étonnes de nous attrister. Tu ne penses jamais à l’hiver qui va te dévorer. Et tu ris encore dans les yeux des chiens fidèles. En cas de coups de blues inopinés, de corps flou et de cœur fou, en cas d’urgence, d’enfance perdue et de vieillesse tordue, briser la glace et regarder le bonheur qui dort dans les yeux d’Igloo. Cet automne, Igloo est nommé mascotte de FDFA.