Aujourd’hui, nous en sommes à soixante, soixante femmes bien françaises assassinées par leur compagnon ou ex-compagnon, eux aussi « bien de chez nous ». L’année 2017 semble fructueuse.
Un groupe de jeunes femmes ont créé un observatoire sur Internet pour comptabiliser ce sombre bilan : « Féminicides par compagnons ou ex. ». Elles militent pour que ce crime soit repéré par la justice et la police comme un forfait particulier, à traiter et à juger spécifiquement. Ces assassinats apparaissent dans la presse locale comme des crimes « passionnels », des drames conjugaux, voire des accidents de la séparation. Mais il s’agit de féminicides. Ils sont perpétrés par des hommes qui se sont arrogé le pouvoir de vie et de mort, de haute et de basse justice sur leur femme esclave, au prétexte qu’elles sont des femmes et eux, des hommes.
Une rapide analyse sociologique montre que les deux tiers de ces femmes ont entre 25 et 40 ans, mères le plus souvent. Le crime est d’autant plus abominable qu’il se passe en la présence des enfants, parfois massacrés avec leur mère. Le tiers des cas restants intéresse des femmes plus âgées (la plus vieilles avait 90 ans, ce dernier semestre) et handicapées. Elles sont retrouvées dans des conditions indescriptibles. Plusieurs étaient atteintes de maladie d’Alzheimer. Une a été violée par son vieillard lubrique de mari, clouée sur son lit d’hôpital après deux AVC.
Les détails sont à chaque fois écœurants. Les compagnons ou ex- ont fait suivre leur forfait d’une tentative de suicide dans 19 cas. Certains vont jusqu’à ne pas se rater. Qu’ils ne comptent pas pour autant effacer leur culpabilité pour ces actes odieux. L’Italie a déjà adopté le statut juridique spécifique du féminicide. Il faut que la France lui emboite le pas.
Ce crime est un indicateur précis de la violence faite aux femmes et du sexisme radical qui baigne notre société. Cela permettrait de mettre en évidence la violence spécifique que subissent les femmes en état de handicap. Nous manquons d’évaluation fiable et de chiffres précis.
Ces féminicides pourtant horribles se voient décorés d’euthanasie courageuse, voire bienveillante, sous la plume de certains journaleux plumitifs qui n’ont de cesse de défendre le bourreau au détriment de la victime. Le sort de toutes ces femmes est relégué à la page faits-divers, à côté de la rubrique des chiens écrasés.
« Le féminisme n’a jamais tué personne. Le machisme tue tous les jours. » disait Benoîte Groult.