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BILLET D’HUMEUR N° 13   par   Olivier Manceron, le 20/09/16.  

Manger est une guerre. S’asseoir à table est un choix personnel, politique et même philosophique. Toussa-toussa ! Il y a de quoi s’en croiser les couverts. Avant le repas, je me surprends à une singulière difficulté de réflexion. Mon menu s’élabore à partir d’une certaine heure en n’écoutant plus que mes papilles et mes glandes salivaires. Ô combien de moments difficiles avons-nous connus devant la porte ouverte du frigo ?

Pourtant manger exprime le respect de soi-même, de ses traditions culinaires, de son histoire familiale. Manger contraint à réfléchir à la place des autres êtres humains présents et même futurs et à la place que l’on donne aux animaux dans l’univers. Doit-on faire souffrir pour nous nourrir ? De plus en plus, des gens décident de diminuer ou d’arrêter les aliments d’origine animale. Les écrans des médias parlent à nos émotions. Les images choquantes des pratiques industrielles dévoilent les conditions de vie et de mort des animaux et éblouissent violemment nos consciences.

Ces braves bêtes remplissent ensuite nos assiettes et flattent nos appétits. Mais pendant la digestion, le doute creuse lentement de petites galeries dans nos centres nerveux. Celles et ceux qui ont eu à se remettre de grandes souffrances personnelles se sentent souvent en lien avec toutes les souffrances du monde. Dans le ragoût, le steak ou la saucisse, elles et ils ne peuvent s’empêcher de reconnaître la victime blessée ou l’enfance ravagée qui se cachent pour toujours au fond d’elles/eux-mêmes.

Plutôt qu’un met savoureux, c’est une scène de crime. La mort de l’animal qui se mange devient un meurtre sacrificiel brutal. « Trois petits enfants s’en allaient glaner aux champs… ils n’étaient pas sitôt entrés, que le boucher les a tués, les a coupés en petits morceaux, mis au saloir comme pourceaux. »

Au fond des têtes des hommes carnivores (que je suis encore !), il y a des rois Hérode massacrant des saints innocents. Les combats féministes ont mis à jour les liens entre les violences faites aux femmes et le culte carnivore, ornement ravageur de la domination masculine. On n’est plus végétarien par choix individuel, on devient antispéciste, comme on est devenu antisexiste après avoir été antifasciste et antiraciste.

La mondialisation des informations et des savoirs ouvre de façon panoramique l’objectif de nos consciences empathiques jusqu’à englober tout ce qui vit et souffre sur terre. Manger est éthique. Manger de la viande dévore cet univers que nous ne laisserons pas à nos petits enfants. « La demande en produits animaliers a des conséquences sur des personnes loin de chez nous : dans les pays où les gens souffrent de la faim et de la malnutrition, il y a des céréales, mais elles sont exportées pour le bétail européen et américain. La faim est un problème de justice et non de pénurie. » dit la jeune philosophe Corine Perruchon.

Manger doit être bon pour notre santé, mais aussi pour celle de nos enfants et ensuite de leurs enfants.

 

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