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Réflexions sur l’article du Monde SCIENCES ET TECHNO du 29 Mars : « Sexe et Self-control sont-ils compatibles ? »

Olivier Manceron – 02 04 2016.

  • Je ne connais pas le journal scientifique américain dans lequel cette étude a été publiée, le « Journal of Behavioural Decision Making ». N’ayant pas eu l’article original en main, il est difficile de se prononcer sur la validité de l’étude de ces deux éminents spécialistes. Le rapport dans l’article du Monde est aussi très succinct. Ce n’est peut-être pas l’habitude du journal de tout décrire. Donc nous devrons nous en remettre à la bonne foi du journaliste spécialisé.
    • Le protocole ne paraît pas délirant et semble proche des méthodes habituellement utilisées dans les études de psychologie appliquée comportementale. Même si on ignore le nombre exact de sujets, la comparaison de groupes différents, la description assez précise des conditions de l’épreuve, le maniement de l’outil informatique avec un clavier adapté, tout ça contribue à donner confiance.

 

  • Il n’y a pas non plus de discussion de leurs réelles significations. Ils paraissent « évidents » à tout le monde… et au Monde aussi. « Les hommes excités se révèlent bien plus que les autres prêts à faire n’importe quoi pour avoir un rapport sexuel, quelle qu’en soit la nature. » On aurait vite fait de conclure : attention, tous les hommes sont des salauds, des machines à pilonner tout ce qui bouge, des prêts au viol ! Bon, dans un certain sens, ce n’est pas complètement faux. Compte tenu de la méthode de l’étude, on aurait pu se douter du résultat.
  • Il est évident que l’écrasante majorité des jeunes hommes (et des autres, mais ici, c’était des jeunes) sont allaités, bourrés, gavés de la « culture » pornographique. L’addiction est socialement cultivée à la moindre occasion par la société sexiste consumériste qui les encadre. Mis en condition, comme ils en ont l’habitude, ils se lâchent et sont prêts à répondre n’importe quoi. « L’excitation sexuelle » dont il est question dans l’épreuve étudiée, est une excitation « pornifiée » hors de toute réalité humaine, une fantasmagorie de corps de femmes découpés en morceaux alléchants par l’objectif chosifiant des porno-prostitueurs. Rien avoir avec l’excitation du désir sexuel partagé, dans une relation au moins amoureuse. Là, la réalité est tout autre. Chacun se réchauffe et s’échauffe à la chaleur de l’autre. Dans cette puissante ascension des désirs un arrêt en route en certes inopportun et frustrant, mais plus drôle que tragique, non ?
  • « Prêts à tout pour avoir un rapport sexuel quel qu’en soit la nature ! » Voilà bien une formulation sexiste ! Dans cette étude, il n’y a pas de rapport sexuel, pas de rapport entre deux personnes sexuées que je sache ! Ces jeunes hommes sont misérablement solitaires devant le miroir aux alouettes de leur écran. Superbe déviation du discours. « Un rapport quel qu’il soit ! » Qu’est-ce que ça veut dire ? Si c’est éjaculer dans des chaussures de femmes, violer des enfants, des ânes ou autres « exploits » épouvantables, je ne vois que des fantasmes de prédations sexuelles plus ou moins criminels. Toujours pas de sexualité.
  • Donc cette étude, et surtout l’article du Monde qui la rapporte, démontre l’efficacité du conditionnement pornificateur et prostitueur chez les individus. Soumis à ce conditionnement répété depuis l’enfance, dans et par une société permissive rajoutant l’impunité à la domination, n’importe quel individu devient un tueur-violeur-prédateur. Qu’il soit noir ou blanc, Hutu ou Tutsi, brahmane ou intouchable, ou… femme ou homme, le conditionnement est primordial. Il ne s’agit donc pas d’une caractéristique « de nature », essentialiste comme on dit. La preuve, c’est que la société sexiste égalitaire est contrainte de renouveler sans arrêt, avec acharnement, les techniques de conditionnement. Le moindre arrêt est une faiblesse impardonnable pour le pouvoir. Les êtres humains sont faits, intrinsèquement fabriqué, pour l’amour. Sans amour, un bébé meurt. Pourquoi la société sexiste inégalitaire et patriarcale se battrait si farouchement pour détruire l’amour, si elle n’en avait pas peur ?
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