J’aime l’automne et ses premières feuilles d’or qui tombent en pluie sèche sur l’herbe des allées . J’aime ce que l’automne promet de lecture et d’écriture sur ses feuilles colorées que feuillette le vent nonchalant. Bavarde, chacune raconte sa petite vie agitée depuis les brises enthousiastes du printemps, jusqu’aux orages fougueux de l’été. Chacune nous parle de son passé. Mais chacune nous promet un avenir doré de soleil blanc d’hiver et de rouges flambées.
J’aime l’automne, la rousse, vêtue de pampres pourpres, parée de vignes gourmandes et des tresses charnues de sa chevelure cuivrée. L’automne est une femme enceinte et rubiconde, grosse des récoltes engrangées, grâce aux serments tenus par la rose des vents.
J’aime l’automne qui pleure sur les froideurs humaines, qui s’embrouillarde sur les malheurs du monde et porte le deuil sombre de nos cruautés et de nos haines. J’aime cette gaillarde rougeaude quand elle braille dans les rues la colère des gens, quand elle fleurit les foules de drapeaux rouges et de banderoles bariolées. C’est une saison de temps mort, de temps gris, de ciel bas, mais une saison qui se donne le temps de la littérature, du plaisir des mots et des vers, de l’école, des tâches d’encre et des ratures, de la nostalgie et des cœurs ouverts. C’est une saison mouillée comme le bord des paupières quand le chagrin affleure le long des solitudes et qu’en marchant dans l’épaisseur des feuilles, on entend le bruit de la mer.
J’aime l’automne quand on reprend le combat, quand on se relève et qu’on se promet que cette fois, on ne lâchera pas. Je l’aime pour le courage qu’elle donne. Je l’aime pour les retrouvailles des ami.e.s et des enfants qui ne sonneront jamais monotones dans les couleurs éclatantes des balades autour des étangs. Je l’aime pour le rose qu’elle met dans les jours moroses et l’orange qu’elle mélange à la fange des caniveaux des cités. J’aime l’automne.