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BILLET D’HUMEUR N°67 par Olivier Manceron, 20 mars 21.

La colère est une chanson douce qui résonne en sourdine dans ma tête. Une vieille petite rengaine de haine qui ritournelle dans mes silences de mort. Il y en a marre des mecs avec leurs gros sabots qui piétinent les petits visages, de leurs grosses mains qui invitent les mômes à revenir en plus et de leurs dents d’ogres faméliques qui sourient aux femmes et aux enfants, avec cet aplomb de franchise qui dore les fronts des beaux tueurs bronzés du soleil des vacances.

Je me laisse aller. Je me laisse aller. Les mots fuient des touches de mon clavier en petits scarabées pressés, de petits bousiers finement luisants comme des corbeaux anthracite et discrets. Les mots roulent devant eux leurs petites boules de crottin de colère qui sentent mauvais et empestent mes jours de haine. Y en a marre des mecs, de leurs déclarations de soutien pour les victimes, la main sur le cœur, le ruban tricolore sur le ventre et les yeux sur les fesses de la voisine. Y en a marre de leurs justifications oiseuses, qu’ils ignorent, naturellement s’ils savaient, s’ils étaient au courant et qu’ils n’y sont pour rien, parce qu’ils n’ont été élevés que par des femmes qui les aimaient beaucoup et que du coup, ils ne voient pas comment ils pourraient leur manquer de respect.

Il n’y a bien sûr que 12% des hommes qui consomment des prostituées. Bien sûr, c’est malheureux, mais si ce n’était pas nécessaire, ça aurait déjà disparu. 40.000 femmes prostituées en France, c’est beaucoup, mais c’est leur choix parce que les caissières sont remplacées par des machines automatiques. Mais enfin, bandes d’hypocrites, il ne faut pas sortir de l’ENA ou d’HEC pour calculer qu’à 5 passes par jour et par prostituée, pour 35 millions de mecs « biens », des petits français moyens qui ont de moins en moins les moyens, cela fait deux passes par jour et par mec. Mais nous les hommes, nous n’y sommes pour rien, bien entendu.

« Qui a peur du grand méchant loup ? C’est pas nous. C’est peut-êt’ vous ? Entrez dans la danse. C’est com’ ça qu’on danse. En sortant, embrassez qui vous voulez ! » Les incestes ? C’est pas nous, c’est eux ! Les viols ? C’est le premier qui l’a dit qu’y est ! Toujours la même chanson bidon, même si on n’en connait pas les paroles, elle chante dans les maisons, les rues, les cours d’école, pour laver les consciences. C’est plus facile et bien plus beau que de laver les cerveaux.

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