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BILLET D’HUMEUR N° 48 par Olivier Manceron le 20/08/19

Le mois d’Août s’étire langoureux sur les plages des vacances. Le mistral s’est arrêté de souffler sur les brasiers du Sud et la pluie a fini par tomber sur l’argile craquelée des plaines du Nord. Notre vieille France somnole encore.

Ailleurs le monde s’étripe et s’égosille. Les puissants patriarches sont impuissants à calmer leurs impérieux désirs d’en découdre. Un nouveau partage du monde a déjà commencé.

Chez nous, on ne veut pas penser que c’est bientôt la rentrée. On goûte les derniers fruits si délicieusement défendus d’un passé peut-être déjà révolu. Et pendant ce temps-là, les femmes meurent. Les assassins n’ont pas pris de vacances. Le 6 Juillet dernier, place de la République, Muriel Robin demandait à la foule, rassemblée autour d’elle contre les violences conjugales, de hurler la révolte des femmes. Pendant soixante-douze longues secondes, à pleins poumons, nous avons envoyé au vent et aux pigeons de Paris notre indignation et notre chagrin. Soixante-douze secondes comme le nombre, à cette date, de ces martyres de la Liberté !

Et puis, plus rien, sauf la promesse d’un « Grenelle » par notre médiatique secrétaire d’Etat à l’égalité femmes/hommes. Disons qu’après les vacances il faudra qu’on en recause. Et maintenant, le décompte des féministes sentinelles du groupe #Feminicidesparcompagnonouex-, répercuté par le site noustoutes.org, affiche 93 victimes de la lâcheté meurtrière de leur conjoint. Pendant ce temps-là, dans de nombreux commissariats, les plaintes ne sont pas reçues ou à peine notées sur de fumeuses « mains-courantes ». Pendant ce temps-là, dans les silence des arrière-cours judiciaires, 40 % des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite.

L’indifférence des services de l’État devant les manifestations populaires, sauf répression brutale, décourage de l’usage de la rue. Devant l’inanité des slogans et des discours, certaines ont lancé une campagne de silence. Elles recueillent de chaque militant.e une minute de silence en selfie-vidéo qu’elles répercutent sur les réseaux sociaux #UneMinuteDeSilencePourElles #JeSuisFeminicidophobe.

Le silence des agneaux sera-t-il plus assourdissant que celui des prédateurs ? Quand les cris disparaissent dans la cacophonie médiatique, elles n’ont plus rien à proposer que de montrer le silence. Aussi ne ratons pas la rentrée des classes ! La révolte devra gronder ! « Ce qui porte notre pays ce sont ces siècles de bravoure, c’est cette force d’âme, c’est cet esprit de résistance. C’est ce fait qu’il n’y a rien en France au-dessus de la Liberté et de la dignité de chacun. Cet amour de la France, c’est ce qui doit nous réconcilier.» Emmanuel Macron a conclu ainsi son discours aux commémorations du débarquement de Provence. Il a fustigé « l’esprit de résignation et les petits abandons » comme « l’oubli du courage ».

Espérons que ces mots seront encore dans sa bouche quand il s’agira de comprendre comment les femmes meurent. Elles sont mortes en martyres de la Liberté et « il n’y a rien en France au-dessus de la Liberté. »

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